Main webpage addresses: |
ziade.net ziadeh.net |
"LA
TELEMATIQUE EST LA VOIE DE L'AVENIR." |
... |
publié en 1995 (c)
dans la Revue Economique L'utilisation (ou copie d'une partie) du texte est interdite sans autorisation de cette Revue. |
Après avoir été un mythe futuriste de la science-fiction, le télétravail, ou travail exécuté par l'intermédiaire des télécommunications, est aujourd'hui une réalité, grâce au progrès prodigieux des nouvelles technologies d'information et de communication. Le multimédia, instrument indispensable du télétravail, est la condition même de la croissance du tertiaire de bureau et, par suite, de l'économie en général dont la de mondialisation déjà amorcée ne fera que s'accentuer. Au vu de ces nouvelles données, comment peut-on concevoir le développement d'une économie de service haut de gamme?
Dr Mustapha ZIADE' © Le Commerce du Levant
La révolution du travail par le multimédia
L'invention de multimédia, union de l'ordinateur de la télévision et du téléphone, sous le nom de télématique, suscita, dès 1978, à la fois un grand enthousiasme et une forte inquiétude. L'organisation du travail, en tout premier lieu du tertiaire de bureau, allait s'en trouver bouleversée et les répercussions sur la vie quotidienne devaient inévitablement s'ensuivre.
Les années 1980 à 1990 voient en effet une véritable explosion des multimédias. En 1980, le minitel apparaît à peine, la carte à mémoire n'existe pas encore, ni le compact vidéodisque. Les modems, les télécopieurs, les radiotéléphones restent rares. Très rapidement, ils se perfectionnent et se multiplient, devenant ainsi des instruments banals de travail.
L'année 1990 couronne cette révolution par l'ouverture du Réseau numérique à intégration de services (RNIS), qui a pris pour nom commercial Numéris. Désormais un micro-ordinateur, équipé d'une carte DVI peut accéder par téléphone aux réseaux des différents pays d'Europe occidentale ainsi que du Japon et d'Amérique. Ainsi était constitué un réseau international opérationnel multimédia. Selon les estimations de spécialistes Numéris supporte 98% des applications multimédia en 1995.
Il s'ensuit une transformation du travail dans son organisation et même dans sa nature. L'impact majeur du multimédia tient surtout à sa capacité à offrir des facilités croissantes à l'échangeabilité des services. Désormais, le travail immatériel est virtuellement partout dans le monde ou une "prise" sur le réseau mondial de télécommunications est possible.
Dr Mustapha ZIADE' © Le Commerce du Levant
Les nouvelles capacités offertes par les multimédias
L'exposition Apple qui s'est tenue au CNIT à Paris dans la deuxième quinzaine de septembre 1994 a présenté les plus perfectionnées de ces machines à communiquer. D'abord le fameux "Newton": micro-ordinateur portable sur l'écran duquel on écrit à la main. Les usages en sont multiples: le programme classe directement les notes les plus diverses en les transcrivant en caractères d'imprimerie; on peut aussi envoyer son écrit ou son dessin en fax en branchant son Newton sur le premier téléphone venu et en appuyant sur un bouton. Newton est, de plus, pourvu d'un programme qui sait reconnaître, après quelques essais, l'écriture de son utilisateur. On peut ainsi avoir avec soi toutes les informations dont on a besoin; on peut aussi les communiquer à distance avec un ordinateur de bureau et sans connexion, grâce à une liaison infrarouge.
Plus encore: les ordinateurs portables sont désormais équipés d'un lecteur de CD-ROM, un disque compact capable de reproduire du texte, du son, de dessin et de la vidéo de façon interactive, c'est-à-dire en passant d'une information à l'autre. Le CD-ROM, qui contient à lui seul autant d'informations que plusieurs centaines de disquettes, est un support d'informations très performant ainsi qu'un moyen de communication des plus efficaces (pour la distribution de logiciels, de livres, de journaux, de programmes vidéo, etc.).
Pour utiliser le CD-ROM, il faut, pour le moment, un lecteur et un ordinateur (sur lequel brancher le lecteur). Mais d'ici peu le lecteur suffira. D'ailleurs, Philips a déjà créé la "CD-1", sur laquelle le lecteur de disques est son propre ordinateur et se branche directement sur un écran de TV ou d'ordinateur. Les contenus des CD-ROM peuvent être transmis par les réseau câblés. Un dernier atout: ils sont de moins en moins chers. Un inconvénient cependant, mais qui devrait être éliminé d'ici peu: la durée de vie du CD-ROM n'est pas encore connue avec précision (plusieurs années ou plusieurs dizaines d'années).
Enfin, de nouveaux ordinateurs avec synthèse vocale ("Quadra", "Cebtris", etc.) de type AV pour audiovisuel, obéissent non seulement au doigt mais aussi à la voix.
Avec le multimédia, le "numérique" a définitivement dépassé "l'analogique". Dans l'ancienne technologie de communication dite "analogique", une onde (d'un son, d'une ligne, d'une couleur, etc.) est représentée physiquement sur un support (voie hertzienne de la télévision, sillons des disques classiques). Dans la nouvelle technologie dite "numérique", l'onde est décomposée en chiffres qui la décrivent (longueur, intensité, fréquence, ...); qui sont codés en langage informatique binaire (petits "trous" sur les disques laser), puis décodés au moment de leur utilisation. Le numérique présente l'avantage d'être un langage commun à tous les médias, si bien que chaque support numérisé (y compris la télévision) devient un périphérique d'ordinateur que l'on peut manipuler à volonté.
La diffusion des multimédias est facilitée par la baisse des couts d'accès à l'informatique. L'énergie informatique devient bon marché. Les microprocesseurs à circuits intégrés divisent leurs coûts par mille en vingt ans et multiplient leur puissance par cent.
Dr Mustapha ZIADE' © Le Commerce du Levant
Puissance croissante du "Software"
Fait à souligner: le multimédia sera l'un des grands instruments de régulation économique de XXIe siècle à cause de sa capacité à franchir les frontières. Il donne aux hommes une puissance de travail inimaginable. Selon Ungerer-Castello dans "Les Télécommunications en Europe en l'an 2000", la prospérité des pays avancés sera générée pour près des deux tiers, par des activités étroitement liées à l'information.
Dans la société post-industrielle hypertechnologique et hypercommunicante, la part des investissements immatériels (recherche-développement, formation, logiciels, publicité, brevets) croit beaucoup plus vite que celle des investissements productifs matériels. C'est dans le software que résidera la principale ressource du XXIe siècle. Les pays avancées qui maîtriseront l'acquisition et les échanges du savoir grâce aux nouvelles technologies d'information et de communication pourront constituer de véritables monopoles du savoir. L'impact de ces nouvelles technologies est énorme, non seulement sur nos relations au monde matériel, mais aussi sur la configuration socio-politique à venir. Ce n'est pas un hasard si l'on considère le taux d'équipement en micro-ordinateurs comme un critère d'avancée sociale et économique pour une nation.
Le multimédia façonne une nouvelle civilisation. Le potentiel d'action et de connaissance de l'homme est amplifié, multiplié par sa symbiose nouvelle avec le multimédia. Sa puissance virtuelle est énorme par rapport à celle de l'ère industrielle.
Dr Mustapha ZIADE' © Le Commerce du Levant
Redistribution internationale du travail
C'est une véritable internationalisation du travail dans les services qui résulte de l'emploi généralisé du multimédia. Les télécommunications permettent en effet aux entreprises de ne plus considérer l'espace comme une contrainte mais comme une opportunité à gérer au mieux ses intérêts. Grâce au multimédia, l'entreprise peut être virtuellement partout pour gérer ses ressources, son savoir-faire, ses produits et ses clients.
Il en résulté une tendance, lourde de conséquences, de la transformation du travail, à savoir sa redistribution internationales sous des formes diverses: délocalisation, externalisation, sous-traitance… Les entreprises voulant maîtriser leurs prix de revient se délocalisent afin, d'une part, de profiter d'avantages fiscaux et de faibles coûts d'entrée sur les réseaux internationaux télécommunications, et d'autre part, d'acheter du travail à moindre coût. L'externalisation croissante des activités de services hors des entreprises permet aussi de recruter temporairement des personnels hautement qualifiés ou à profile rare.
Un véritable commerce de main-d'œuvre intellectuelle se développe sous le nom de "off-shore work": il s'agit d'une sous-traitance intellectuelle délocalisée. Les entreprises transfèrent, dans des zones où le coût du travail est bon marché, les tâches pouvant être exécutées sur un ordinateur connecté au réseau mondial de télécommunications. A cette délocalisation du travail, chacun trouve son compte: les firmes internationales bénéficient d'un coût du travail avantageux; les pays en développement qui sont sollicités obtiennent des emplois qualifiés.
Dr Mustapha ZIADE' © Le Commerce du Levant
Le travail en réseaux
Avec le multimédia, le travail quitte les lieux de production traditionnels et se déploie dans les réseaux. Grâce aux réseaux, le spécialiste peut se trouver n'importe où, éventuellement, seul relié à la fois aux entreprises pour lesquelles il travaille, à des banques de données, à des centaines des spécialistes avec lesquels il échange en permanence des informations. Chacun profite ainsi des connaissances et du savoir-faire des autres, si bien que le valeur ajoutée du travail est forte.
L'homme-terminal branché sur un réseau est virtuellement partout où peut l'amener ce réseau. L'entreprise virtuelle a ainsi le don d'ubiquité: elle est partout où existe une possibilité de branchement au réseau international de télécommunications. Le travail coopératif grâce au réseau, c'est-à-dire l'utilisation collective d'un système informatique, a pris le nom de "groupware". L'importance de ces réseaux d'informations et de télécommunication ne fera que croître.
Dr Mustapha ZIADE' © Le Commerce du Levant
Accroître la productive du travail de bureau
Le chantre de télétravail -ou travail en réseau- est en France Denis Ettighoffer; il a publié en 1992 le livre intitulé "L'entreprise virtuelle" (édition Odile Jacob), qui a reçu le prix "Entrepreneur du IIIe millénaire", au Salon du Livre. Il met bien en valeur l'amélioration de la qualité et de productivité du travail qu'apporte le télétravail. Le gain en temps productif est en effet significatif: on évite ainsi le temps perdu non seulement dans les transports mais aussi au bureau. Au lieu de présentéisme improductif du travail à horaires fixes, on aménage un temps modulable, rémunéré selon la productivité, et aussi au lieu d'acheter du temps vide, on achète da la valeur ajoutée.
Grâce au multimédia, le travail en temps partagé, ou "Jobs-sharing", devient non seulement possible mais aussi souhaitable. Il permet notamment aux PME-PMI d'avoir accès à la collaboration temporaire de cadres hautement qualifiés ou de spécialistes pointus. Ces vacations spécialisées sont de plus en plus demandées. Selon les analystes, 65% des dirigeants d'entreprise, interrogés par "Promotion et Développement", se disent favorables à l'intégration d'un cadre Partagé entre plusieurs sociétés.
Dr Mustapha ZIADE' © Le Commerce du Levant
Les voies ouvertes par le télétravail
Les applications des NTIC [Nouvelles Technologies de l'Informatique et de la Communication] sont à l'origine d'une multiplicité d'activités dématérialisées qu'on peut regrouper sous le nom de "télétravail". Remarquons au préalable que le télétravail n'est pas à lui seul un générateur d'emplois. Ce serait un erreur de le considérer comme un vecteur de production autonome. Il s'agit d'une activité de service effectuée pour une autre entreprise, soit de production industrielle, soit de service (banque, societe d'assurance, etc.) En fait il s'agit surtout de sous-traitance informatique.
Celle-ci crée des emplois (le plus souvent intérimaires: temps partiel, contrat à durée limitée, travail intermittent, etc.) qui font appel à divers niveaux de qualification. L'externalisation des services à faible valeur ajoutée (notamment les travaux de dactylographie) est déjà réalisée vers les pays en voie de développement disposant d'une main-d'œuvre abondante et peu coûteuse. A un niveau un peu plus élevé on trouve les travaux de traitement de textes à façon et la publication assistée par ordinateur (PAO). Certaines surveillances d'astreinte peuvent être délocalisées sur un terminal à domicile.
Quant aux banques qui sont en pleine transformation suite à la dématérialisation des titres et de la monnaie et à la croissance rapide des transactions électroniques, elles recrutent dans leurs filiales dispersées aux quatre coins du monde des personnels qualifiés en informatique, capables d'assimiler les nouveaux systèmes sophistiqués (le système de compensation électronique des chèques, dit CHAPS en anglais; le système bancaire par télétransmission, dit SBT en français, etc.).
Dans un domaine voisin, la demande en matière de maintenance logicielle reste forte de la part des grandes entreprises qui veulent intensifier leur présence auprès de leur clients. D'autres veulent améliorer le contact avec d'éventuels clients étrangère en créant des cellules locales de marketing-vente, d'assistance et relations clientèle.
La fabrication de logiciels est un vaste créneau, mais qui est proche de la saturation par suite de la multiplication des unités de production des pays comme l'Inde. La populeuse Chine s'installe aussi sur ce créneau: la société japonaise Itoh a formé récemment un joint-venture avec les Chinois pour développer des logiciels destinés au marché japonais.
Le développement des bibliothèques de programmes orientés objets va engendrer une nouvelle industrie de logiciels multimédias que l'on nomme couramment les objets virtuels ou la Réalité Virtuelle (RV). Ces représentations dématérialisées de la réalité doivent servir d'objets expérimentaux. La "Conception Assistée par Ordinateur" (CAO) sera, aux dire des spécialistes, l'élément clé de la compétitivité des entreprises, car les capacités de simulation des objets virtuels permettront aux entreprises d'économiser leurs ressources, d'abord au niveau de la recherche et de la conception (en évitant les essais coûteux sur des objets réels), ensuite au niveau commercial lorsqu'il s'agira de présenter à d'éventuels clients un nouveau produit ou un nouveau service.
Dans le domaine médical, les banques d'images de référence, obtenues par radiographie, scanner, IRM (imagerie par résonance magnétique), endoscopie, échographie, peuvent être échangées grâce au réseau Numéris. On peut ainsi faire appel à un spécialiste pour un diagnostic à distance. Par ailleurs, l'enseignement médical trouve un instrument précieux dans la Réalité Virtuelle.
Dr Mustapha ZIADE' © Le Commerce du Levant
Comment se positionner sur le créneau du télétravail?
Les nouvelles technologies d'information et de communication ont ainsi ouvert des créneaux porteurs, en développement rapide. Parmi les nouveaux pays industriels, plusieurs sont déjà devenus de gros producteurs et exportateurs de services: ce sont le Brésil, l'Inde et la Corée. La petite Irlande traditionnellement agricole se positionne aussi sur ce créneau en construisant (avec l'aide de la CEE) un anneau en fibres optique pour encourager des investisseurs faisant appel à l'off-shore work.
Pour un pays dépourvu -ou presque- de ressources naturelles en énergie et matières premières, mais disposant d'abondantes ressources humaines, d'une nombreuse main-d'œuvre qualifiée et susceptible de le devenir d'ici peu -tel est le cas du Liban- le télétravail est une voie politique de développement.
L'installation d'une infrastructure de télécommunications est le premier objectif à réaliser. Mais celle-ci doit être ambitieuse, futuriste même en prévision de l'intensification et de l'élargissement des télécommunications à l'avenir. On ne peut plus ignorer que le numérique confirme supériorité. Toutefois, dans des immeubles anciens, on peut avoir intérêt, pour économiser des investissements en câblages, à utiliser la transmission radio par haute fréquence: pour établir une liaison sans fil entre divers équipements. Dans tous les cas, la condition indispensable pour la réussite d'une opération de télétravail, c'est de fournir une "prise", un branchement sur le réseau de télécommunications, à chaque cadre travaillant hors de l'établissement, car la rupture de communications signifierait l'impossibilité totale de travailler.
L'installation ou la rénovation d'un équipement de télécommunications doit anticiper une ou plusieurs dizaines d'années. Par exemple, à quoi sert de continuer un équipement en câbles de cuivre alors qu'on sait qu'il faut mettre partout de la fibre optique? Ne faut-il pas aller même plus loin que Numéris et installer dans les nouveaux immeubles un précâblage multiple (le multimédia pouvant fort bien à l'avenir ne plus s'accommoder de la ligne technologique saturée).
Quant au développement des ressources humaines, il passe essentiellement par la formation. Pour résister à la concurrence internationale de la baisse du coût du travail. La meilleure solution est de former une main-d'œuvre très qualifiée. Les experts de l'OCDE notent que les professions qualifiées de consultants spécialistes, directeur et cadre administratifs sont en progression, tandis que le taux global de croissance des professions de l'informatique est en baisse. La "chasse aux cerveaux" est devenue une priorité. Les télétravailleurs de XXIe siècle se distingueront par leur haute qualification, leur responsabilité accrue et leur grande capacité d'adaptation. Une formation pointue assurant la maîtrise des nouvelles technologies de communication permettra d'affronter la concurrence sur le marché du travail. La maîtrise des NTIC consiste d'abord en l'acquisition sure d'un savoir-faire technique; ensuite en la connaissance précise des normes spécialises en matière d'échanges électroniques; enfin, en un échange contenu de connaissances grâce aux réseaux.
Une politique de développement du télétravail devra aussi favoriser l'installation, en zone franche, de technopoles de télécommunications avancées, nommes "téléports" ou "télésites". Des réseaux denses et sophistiqués de (télé) communications doivent être installés dans des zones stratégiques ouvrant l'accès de marchés -marché de consommateurs, ou encore marché de l'emploi-. Le danger de ces zones réside dans leur multiplication. La seule solution est la fuite en avant, le renforcement à la fois des qualifications de la main-d'œuvre et de la densité et de la sophistication de l'infrastructure de communications. Devraient dominer les régions offrant des réseaux fortement vascularisés et détenant un important stock de matière grise, les villes doivent impérativement améliorer le cadre et la qualité de la vie: environnement, formation, recherche, enseignement, services divers, voies de communications, loisirs.
Dr Mustapha ZIADE' (c) Le Commerce du Levant
... |
Attention : il est interdit de copier ou utiliser un des
textes ci-dessus |
ziade.net |
Main
webpage addresses: |
> > > |
< < < |
|||
= |
. |
+ |
. |
= |
> > > |
< < < |
*
Merci de votre visite. Le site Ziadeh.net est mis à jour chaque
mois.
Thank you for your visit. The site Ziade.net is updated every
month.
(Ad/info)